Je suis arrivé dans le quartier du Sentier en 2017, et d’emblée, ce quartier a pris une place très particulière dans ma vie.
D’abord, il faut savoir que le Sentier est le premier quartier de Paris où je me suis vraiment senti bien.
Avant ça, j’avais vécu dans différents quartiers parisiens – le XIXe près de la place des Fêtes, le XVIe, le VIe rue des Petits-Pères, ou encore rue Castex à Bastille – mais aucun ne m’avait donné cette sensation d’ancrage.
Quand j’ai emménagé rue Montorgueil, c’était la première fois que je retrouvais ce sentiment de village : tout est accessible à pied dans un tout petit périmètre, il y a une vie de quartier très forte, on y trouve tout : bureaux, commerces, artisans, restaurants, écoles, activités sportives… Et une diversité de communautés : gays, juifs, libanais, français, gens de gauche, hommes d’affaires… C’est un quartier profondément vivant et mixte.
Ensuite, ce lieu a une résonance toute particulière avec mon histoire personnelle. J’ai déménagé dix-huit fois dans ma vie, avec des parents d’origines très diverses (moitié allemand/moitié syrien pour ma mère, libanais pour mon père).
J’ai vécu en Allemagne, au Liban, un peu partout en France : Alsace, Var, Alpes-Maritimes, Lille… Bref, l’idée de « s’ancrer » quelque part était longtemps restée étrangère pour moi. Ici, pour la première fois, j’ai senti que je pouvais enfin me poser, construire, m’impliquer, sans ressentir le besoin de bouger pour trouver autre chose, autre part.
Mais ce qui me touche le plus, c’est la cohérence entre mon parcours et l’histoire du Sentier. Ce quartier a de tout temps donné sa chance à chacun. Déjà au Moyen Âge, c’était un lieu de passage, de commerce, un quartier d’opportunités pour ceux qui voulaient travailler, s’intégrer, innover.
Pendant la révolution industrielle, il a été au cœur de l’essor du textile en France, représentant un jour jusqu’à 60 % du chiffre d’affaires textile européen : c’est dire la place de ceux qui voulaient se bâtir un avenir ici !
Une anecdote qui m’a beaucoup marqué : un rescapé des camps de concentration, fraîchement arrivé dans le Sentier après la guerre, reçoit d’un Arménien un stock de pulls-over comme coup de pouce, simplement parce qu’il voulait l’aider à démarrer. Cet homme est ensuite devenu l’un des plus grands commerçants du quartier, bâtissant une immense réussite à partir d’une simple main tendue.
En tant que fils d’immigrés, ce genre d’histoires résonne profondément : après avoir passé ma vie à bouger de pays en pays, de région en région, je me sentais souvent « hors-sol », sans vraiment appartenir à un endroit. À mon arrivée dans le Sentier, j’ai découvert qu’ici, on peut appartenir simplement parce qu’on le veut, qu’on a envie de s’impliquer : ce quartier donne toujours sa chance à chacun, quelle que soit son origine.
Quand je suis arrivé ici, ma boîte était en difficulté. Cinq ans plus tard, j’étais devenu un acteur reconnu du secteur immobilier local. Ce quartier donne vraiment un avenir à ceux qui s’y investissent.
Aujourd’hui encore, il attire les jeunes start-uppers, offre d’innombrables opportunités, sert de trait d’union entre différentes catégories sociales, et accueille à bras ouverts tous ceux qui souhaitent s’y investir.
Voilà pourquoi le Sentier est bien plus qu’un lieu : c’est un quartier qui permet de s’ancrer, de s’épanouir, et d’écrire sa propre histoire, quelles que soient ses origines.